Enseignement égyptien : Penser ou mémoriser ?

Publié le par Nora Dardir

Les méthodes d’enseignement égyptiennes sont accusées d’être rébarbatives dans tous ses cycles. Les experts et les étudiants se demandent  s’il s’agit  d’un système "thermomètre" de la capacité de mémorisation ou d"une machine" à tuer la créativité. Témoignages et réponses de plusieurs experts et étudiants de différents corps d’enseignement en Egypte

Le quotidien El-Dostour publie un article daté le 18 juin sur l’enseignement égyptien. Dans l’article, Rehab El-Shazli résume que les programmes enseignés ne sont pas à l’origine libre, ce qui forme des esprits loin d’être critiques. 
"Au départ, il faut dire qu’en Egypte il n’y avait pas de différence entre les deux systèmes militaire et éducatif. Les deux reposent sur les mêmes bases : «Ecoute, retiens et récite»" a confirmé à El-Dostour, l’expert de l’enseignement à l’Institut National des Recherches, le Dr. Kamal Moghiis.
Tarek est d’accord. Jeune de 24 ans, diplômé d’une école francophone ensuite d’une université privée de business, il n’est pas du tout satisfait de ses années d’études : "Ca ne me sert vraiment pas à grand-chose, le système égyptien est un souk. Nous apprenons tellement de choses qui n’ont rien à voir avec la vie pratique."
Tarek pense qu’il fallait arrêter d’étudier depuis longtemps pour se lancer dans la vie pratique : "j’apprends maintenant de nouveau dans mon boulot." Tarek travaille dans une boîte de pétrole.
Nevine 26 ans, en école francophone et faculté de langues section française partage le même avis. Elle travaille dans une compagnie aérienne maintenant. Elle affirme que "ce qui est le plus intriguant, c’est le fait que les professeurs enseignent des programmes qui s’accordent à leurs mentalités et non pas aux nôtres".


Une manière de penser?       
Même si ces derniers sont licenciés de systèmes d’enseignement privés, ça veut dire mieux payés et plus cadrés, ils ne le trouvent pas satisfaisant. Quant au système public, contrôlé par l’Etat, c'est pire. Puisque les professeurs sont peu payés, on ne peut pas demander grand-chose. Souvent, ces professeurs ne sont pas suffisamment formés.
Par ailleurs, il existe deux genres de cadre d’enseignement privé : le premier et le moins cher fonctionne avec un système égyptien en appliquant des programmes étrangers.
Et qui dit système égyptien, dit mémoriser plus pour avoir plus de bonus. Ahmed Zaazaa jeune professeur à l’université explique : "les méthodes d’enseignements égyptiennes sont basées sur la mémorisation. Elles ne forgent pas des mentalités capables de créer, de penser. Et cela est dû à mon avis à la mauvaise formation des professeurs."
Le second genre est un système purement étranger. Mais, même si nous parlons d’un niveau élevé d’enseignement dans les cadres privés, nous ne pouvons pas parler d’un statut parfait, du simple fait du problème de la perte d’identité et de la négligence du contenu qui s’imposent.
Dans une école étrangère privée, l’étudiant est sensé parler avec une langue qui n’est pas la sienne, pour s'intégrer au système de l’école. Ses professeurs ne sont pas forcément arabophone, donc s’il y a un problème de communication, il est obligé de se débrouiller par lui-même.    
Finalement, les parents égyptiens sont confus à l'heure du "bon choix" de la scolarisation de leur enfant. Au départ, tout dépend de leurs revenus, leurs niveaux de vie et leurs priorités, car dans tous les cas ils doivent sacrifier un élément important ! Le choix est parfois difficile.

Nora DARDIR. (
www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) mardi 8 juillet 2008

Publié dans Egyptosphère

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