"Les sept jours", de Ronit et Shlomi Elkabetz

Publié le par Nora Dardir

Une famille en deuil filmée 7 jours sur 7 sous un seul toit. Voila l’idée de ce film tout à fait bizarre. "Les sept jours", film israélien de Ronit et Shlomi Elkabetz, rafraichit les mémoires pour nous ramener dans le passé. Ce film a été choisi pour faire l’ouverture de la semaine de la critique au festival de Cannes 2008.

Loin de tout se qui se passe dans l’actualité, les Elkabetz ont décidé de faire un flash-back d’une situation amèrement vécue et difficilement digérée par le peuple juif dans une époque lointaine. Une semaine après "Valse avec Bashir", ce deuxième film israélien sort dans les salles obscures. Peut-on parler d’un élan du cinéma israélien ?

1991, guerre du Golfe. Les Koweitiens et les Irakiens sont en guerre. Mais Sadam Hussein en profite pour tirer de temps à autre sur les Israéliens.

Le film met en lumière, pendant une 1h55, une famille israélienne qui a perdu un de ses membres : Maurice est décédé, sa famille le pleure mais pleure aussi les malheurs d’une guerre qui met le peuple en péril permanent.

Les membres de la famille Ohayon sont tous présents, quelques vingt personnes qui ont tous ont des histoires à raconter. Dans la cuisine, les femmes discutent, dont la réalisatrice qui est aussi actrice. Elles préparent souvent les repas pour le reste de la famille, et pour les visiteurs qui viennent présenter leurs condoléances tout en causant. Parfois du défunt mais souvent de leurs problèmes et des hommes.

Dans la salle principale, les hommes ne font que manger, boire et se disputer sur l’héritage et la vente de la grande maison. Et parce que les règles sont fermes, selon les coutumes, pas de viande, ni de télé. Bijoux et maquillage ne sont pas tolérés.

Personne ne sort pendant toute une semaine. Les âmes se dévoilent. Les cœurs se durcissent puis se radoucissent : affaires de familles.
Discussions interminables, hypocrisie, moqueries. Quelques uns craquent. C’est normal ! Il en résulte des scènes tristes, humaines. Crises. Chocs et querelles marquantes. La caméra est sur "on".

Abondance, partout, de la couleur noire. On se réjouit quand on voit dans deux scènes seulement une couleur rouge mat. Pas de musique, même lors du générique. Ni au début ni à la fin. Que des dialogues qui commencent et qui se terminent sans logique parfois.

Devant les scènes "larmoyantes", le spectateur ne pleure pas. Pas d’émotion. Rien. Froideur des sentiments. Les cris ne sont pas sincères. L’exagération fait disparaître l’émotion et appauvrit les scènes. Par contre, quelques scènes drôles donnent une certaine valeur au film. Et coupent le rythme monotone des longs dialogues.

Le film s’ouvre sur toute la famille qui hurle et crie dans le cimetière. Et se termine au même endroit. Sept jours inoubliables mais surtout instructifs : voilà une famille qui a évolué, qui s’est vue pour la première fois avec un regard nu. Et c’est là finalement que la caméra se met sur "off".


Par Nora Dardir pour l'oeil de l'exilé

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