Journal d'une Egyptienne à Paris!
Mosaïque d'idées!
C'est dimanche, fin de week-end en France, début de semaine en Egypte, mon pays. Je m'ennuis, une idée me vient en tête: me balader toute seule pour découvrir la capitale où je vis depuis un mois maintenant, et prendre quelques photos. C'est aussi un temps de méditation, dont j'ai vraiment besoin. Je me promène d'abord à Courbevoie où je viens d'emménager en collocation avec deux Françaises. En banlieue c'est différent, ce n'est pas aussi animé qu'à Paris. Au mois d'août, je logeais au pied de Montmartre, l'ambiance y était gaie le dimanche matin.
Je marche un peu, l'air frais m'encourage à continuer, je marche trop, je me fatigue. En rentrant, un jeune Turc me demande comment aller à la Défense. Je ne suis pas du tout experte, il y a un mois que je suis en France mais je connais déjà pas mal de choses. Prendre le métro, par exemple. Au début, c'était pour moi une catastrophe avec ses centaines de lignes. Mais maintenant, je me débrouille bien.
Je me dirige vers le Forum des Halles, mon endroit préféré à Paris. Voir un film? Peut-être pas aujourd'hui, devant le trop grand choix de films à l'affiche, je change d'avis. Je sors me balader un peu pour respirer de l'air frais. Il est déjà 17 h, il fait beau et il y a un tas de monde partout. Chacun fait ce qu'il veut, chacun est dans son propre monde, chacun jouit de son temps. Un peu plus loin, une chose attire mon attention : quelques jeunes font une marche et s'arrêtent brusquement. Des petits cartons en mains, sur lesquels il est écrit : "Hugs for free". ("câlins gratuits") Serrer quelqu'un qu'on ne connaît pas, comme ça, ça m'intrigue? Je les prends en photo, c'est nouveau.
J'arrive à un lieu qui m'est cher, à deux pas de la rue du Louvre, c'est le centre Pompidou. Incontournable. Une conception pas comme les autres, on dirait plutôt celle d'un manège. Ici, l'art ancien cède la place à l'art moderne. Devant cet énorme édifice, loin des gadgets, des cinémas et des débats sérieux à l'intérieur, le site appelle les rêveurs au farniente, dehors. Le soleil est généreux. Les sons des musiciens sur les pavés caressent les esprits. Français, Chinois qu'importe l'origine, les langues s'entremêlent. Tout le monde est assis par terre pour faire partie du tableau, ce beau tableau qui inspire les artistes. En face, ceux qui veulent gagner leur vie attendent, mais pas pour longtemps. Ils attirent les touristes comme les miettes attirent les pigeons. Ce jeune arrange bien ses toiles pour les exposer. Juste à côté, un autre préfère passer à l'action. Une chaise. Un crayon. Le portrait est fait en quelques minutes pour dix euros. Les uns lisent, les autres dorment. Tout se passe dans un silence agréable. Un clown passe pour dessiner un sourire sur les lèvres des réveillés. Seuls les cris d'un bébé qui refuse d'être placé dans sa poussette rappellent aux rêveurs de garder les pieds sur Terre.