L'excision toujours présente

Publié le par Nora Dardir

 

justice.jpg"Le jour de mon excision était un cauchemar." A 25 ans, Afaf, jeune de Menya, un gouvernorat au Sud de l’Egypte, raconte un incident qui a marqué toute sa vie : être excisée publiquement. Elle n’est pas la seule, presque toutes les filles de cette zone font face à cette même torture physique humiliante 

"J’avais dix ans, quand une femme est venue nous forcer à ne pas bouger pour quelques secondes..." C’est avec ces mots que Afaf a commencé son histoire...

En ce jour là, à l’école, le directeur a obligé toutes les fillettes ayant dix ans à obéir à cette dame soi-disant soignante. Sans les prévenir, ni les anesthésier ; les blesser semble être normal pour toute l’équipe enseignante aussi bien que pour leurs parents.

Les yeux en larmes, Afaf se souvient : "Mon tour s’approche, je m’étrangle. Couteau à la main, regard fixé sur une seule partie de mon corps, deux personnes me retiennent des bras, en m’arrachant sévèrement la jupe. Et la sage-femme commence son travail".

Les cris des autres écolières étaient suffisants pour effrayer Afaf. De plus, sa santé était tellement fragile qu'elle a eu de graves problèmes après cette opération dont elle ignore les raisons. Elle explique : "Je ne pouvais pas uriner et j’avais eu un flux de sang énorme." Afaf n’a pas pu sortir de chez elle durant un mois. Tellement humiliée, elle avait honte du regard des autres.

 

Un devoir, une coutume

A Menya, et surtout dans ses quartiers pauvres où l’ignorance des règles sanitaires règne, exciser les fillettes est une "nécessité". Les mères le font afin de "garder la pudeur de leurs filles". Selon Om Ashraf, qui a été elle-même excisée, une telle pratique vise à protéger sa propre fille : "Je veux que ma fille soit polie, je ne veux pas qu’elle cherche à intéresser les garçons."

La plupart des mères à Menya pensent pareillement, elles imaginent qu’exciser leurs filles est un devoir mais aussi une coutume. Et là où les habitudes s’appliquent strictement, les cœurs meurent et les mentalités s’arrêtent. Même si ça va leur coûter la vie d’un être cher, elles ne font que continuer à défendre ce qui leur semble être un devoir...

Avec une voix faible, Afaf poursuit : "Je veux que mes parents comprennent comment ils ont négativement marqué ma vie, jusque maintenant et après 15 ans, je souffre de ce qui m’est arrivé, je pleure et je le regrette énormément."   

Par contre, certaines mères ont décidé de commencer par leurs familles pour arrêter de telles pratiques et pour en faire l’exemple. Grâce aux efforts de quelques jeunes éduquées, comme Afaf, et quelques émissions de télévision luttant contre l’excision.

Afaf est actuellement volontaire dans une ONG à Menya, qui lutte contre la pratique de l’excision sur les fillettes de cette zone. "Moi, le jour de mon excision était un cauchemar, je ne veux pas que ça se reproduise pour les autres filles, et sûrement pas ma fille", conclut-elle.

Nora DARDIR. (www.lepetitjournal.com - Le Caire) mardi 12 février 2008

Publié dans Egyptosphère

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E
Tab leeeehhh???
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