L’histoire d’une Nakba!

Publié le par Nora Dardir

 
La Terre sainte. En 1882, après que le docteur Leon Pinsker eut relancé l’idée du retour des Juifs d’Europe en Palestine, une première colonie juive est établie à proximité de Jaffa. Puis, alors que sévit en France l’affaire Dreyfus, un Juif hongrois, Théodore Herzl, publie en 1896 L’Etat juif, essai d’une solution moderne de la question juive. En organisant le premier congrès juif à Bale, un an plus tard, il devient le père du «sionisme», (du mot Sion, qui désigne une des collines de Jérusalem et est devenu synonyme de la Ville sainte) en proposant la création d’un Etat juif en Palestine, arguant des droits inaliénables du peuple juif sur la Palestine, la « Terre promise ».

L’immigration juive se développe rapidement, et en 1909 est fondée la ville de Tel-Aviv. Les initiatives du  président de l’Organisation sioniste mondiale, Chaïm Weizmann, reçoivent finalement l’appui des britanniques, et le secrétaire d’Etat au Foreign Office, lord Balfour, publie le 2 novembre 1917 une déclaration dans laquelle son gouvernement « envisageait favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». La Palestine et la Transjordanie sont placées sous administration britannique en 1920, l’immigration juive s’accroit, et les premiers heurts avec les Arabes apparaissent.
Lors de l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne en 1933, puis durant les sombres années qui suivirent, l’arrivée massive de Juifs d’Europe provoque une nouvelle révolte arabe en 1936, amenant à imaginer la création d’un Etat juif sépare en Palestine même.
Les Britanniques aspirent de leur coté à quitter la Palestine après le second conflit mondial. L’affaire est confiée à l’ONU, qui, le 29 novembre 1947, vote la résolution 181 établissant un plan de partage de la Palestine, qui sera divisée entre un Etat juif, un Etat arabe et une zone internationale comprenant les Lieux saints de Jérusalem et de Bethléem, et met un terme à la tutelle britannique.

 La proclamation de l’Etat d’Israël. Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël proclame son indépendance. Une initiative qui n’a pas été acceptée par les pays arabes.
Dès le lendemain, les armées arabes de Transjordanie, d’Egypte et de Syrie, auxquelles se sont jointes des troupes libanaises et irakiennes, attaquent le nouvel Etat.
Entre le 23 février et le 20 juillet 1949, grâce aux negociations menées par les Nations unies, un accord de paix est finalement conclu, tandis que la victoire israélienne lui permet d’agrandir son territoire de 30% supplémentaires en annexant la Galilée et le Néguev, ainsi que la zone occidentale de Jérusalem.
Désormais, la Cisjordanie est partagée entre l’Etat hébreu et la Transjordanie, et la bande côtière de Gaza est mise sous la tutelle de l’Egypte. A l’issue de ce partage, 800 000 Palestiniens sont contraints de s’exiler. Leurs villages étaient détruits, leurs biens confisqués…
De plus, si les Nations unies ont décrété, dès le 11 décembre 1948, le droit des refugiés au retour ou à des compensations, cette résolution 194 ne sera jamais appliquée. Environ 150 000 Arabes palestiniens pourront rester en Israël, mais bien que disposant du droit de vote, ils seront soumis jusqu’en 1966 à une administrative militaire.

Retour des Juifs. Israël lance une politique de peuplement intensif de son territoire, et en 1950, David Ben Gourion, chef du gouvernement, annonce le «droit au retour» de tout Juif désirent immigrer en Israël, ce qui provoque de nouvelles arrivées massives, en particulier en provenance des pays arabes.

Six ans plus tard
, alors que Gamal Abdel Nasser vient de prendre le pouvoir au Caire, les autorités israéliennes s’inquiètent de découvrir que le nouvel homme fort égyptien lance rapidement un programme d’armement, qui pourrait, à terme, les menacer. Elles décident de se joindre à l’opération franco-britannique de Suez d’octobre 1956 en lançant une offensive réussie sur la Sinaï. 
 
Les années 60 voient resurgir la question palestinienne lorsqu’en 1964 est créée, à l’initiative de Nasser l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont la Charte (établie en 1967) proclame la récupération de l’ensemble de la Palestine et la destruction de l’Etat d’Israël, à laquelle se joint l’année suivante le Fatah, dirigée par Yasser Arafat. Ce dernier prendra la direction de l’OLP en 1969, après s’être affranchi de toute tutelle arabe. C’est dans un contexte tendu, alors qu’Israël est amené à réprimer sévèrement les actions armées palestiniennes menées depuis les pays arabes voisins sur son sol. 

Nasser décide de fermer le golfe d’Aqaba aux navires israéliens le 22 mai 1967. Le 5 juin suivant, surnommé « guerre des Six-jours », le troisième conflit israélo-arabe sera extrêmement rapide : Tsahal (l’ancienne Haganah) envahit à la fois la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie, la bande de Gaza et une grande partie du plateau du Golan. Le gouvernement israélien fort de sa victoire, en profite pour designer Jérusalem comme capitale à  la place de Tel-Aviv, après avoir pris la partie arabe à  l’est de la Ville sainte jusqu’ici sous autorité jordanienne.

A l’humiliation
vécue par les pays arabes s’ajoute alors à nouveau la question des refugiés, puisque 250 000 Palestiniens émigrent dans des camps en Jordanie (la (Transjordanie était devenue la « Jordanie » en 1950 après avoir absorbé la Cisjordanie), au Liban et en Syrie.
1 millions de Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie se retrouvent sous occupation israélienne tandis que le gouvernement de Golda Meir, rejetant toute tentative de négociation, notamment le plan américain Rogers, entame une nouvelle colonisation des territoires conquis.

Le 22 novembre
, les Nations unies proclament cependant la résolution 242 stipulant qu’Israël doit rendre les zones nouvellement occupées : ni le nouveau statut de capitale de Jérusalem ni l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie ne sont reconnus par la communauté internationale ; un premier échec pour la politique de sécurité israélienne, qui, comptant se servir également du Golan et du Sinaï comme monnaie d’échange, se retrouvera en définitive contrainte d’affronter un nationalisme palestinien exacerbé et une intransigeance accrue des pays arabes.   

 Et peu à peu, la révolte des pierres s’essouffle…


 
Source : Conflits au Proche et au Moyen-Orient
                   Sophie Chautard

Rim Banna, une jolie chanson : http://www.youtube.com/watch?v=29H17jzWhec&feature=related

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